Etre « Flat »
c’est très 2020
Être Flat c’est vivre avec un dollar en poche. C’est adopter l’art de vivre de Jeff Lebowski, surnommé le Duc dans « The Big Lebowski » le film des frères Coen. En 2020 il faudra fuir la compétition, la course à l’argent, les apparences « So 2000 ». Nous serons toutes et tous paresseux ; à la limite du parasitisme. Pour lutter contre le réchauffement climatique nous vivrons au ralenti, comme le Duc qui se rend au supermarché en peignoir et en tongs sans rien acheter, pour prendre le frais.
En 2020 l’Altruisme remplacera la poursuite de la croissance et du plein emploi. Au nom de la sauvegarde de la planète et dans l’intérêt des générations futures chères à Greta Thunberg il faudra vivre Flat : ne consommer l’indispensable à condition qu’il soit local et traçable. L’époque sera à l’apologie de la Slow Life, à la limite de « la glande ».
Les « Déjeuners En Ville » remplaceront les « Diners En Ville ». On recevra amis et relations de travail chez soi, dès Midi Trente, autour d’un menu composé de graines, de légumes de saison cuits à la vapeur et, pour les flexitariens qui ne veulent se priver de rien, de la viande blanche ou poisson de ligne. Les plus Flat pourront poursuivre avec une petite séance de méditation collective ou une courte sieste de quinze minutes.
« We accept Flat ». Et quand vous êtes invité à un anniversaire ou à un déjeuner en ville n’apportez ni fleurs, pas assez neutre en carbone, ni bouteille de vin, trop de sucre ou de sulfate, mais un petit billet de banque – de 5 € à 50 € suivant le standing de la maison – que votre hôtesse remettra à l’ONG de son choix en prenant soin de l’indiquer sur ses réseaux sociaux.
Terminés les sacs monogrammés des Maisons de Luxe. Le Tote bag en toile, indispensable pour porter son tapis de yoga et faire ses courses au marché ou à la Ruche du coin, remplacera avantageusement le « Chacha » (sac Chanel) des gypsetteuses des années 2000.
2020 marquera également la fin des opérations de Cobranding qui participent à la production à vide et en séries limitées d’objets hybrides sans autre finalité qu’une compétition d’effets d’annonce dans la presse et sur les réseaux sociaux. Les marques se concentreront sur des petites séries d’accessoires iconiques, parfois réalisées par des artistes plasticiens ou en mettant en avant de nouvelles technologies, mais toujours en valorisant leur sourcing et le savoir-faire des artisans de la Maison.
*Attention à ne pas être Flat avant le premier janvier 2020, cela pourrait être interprété comme de la « lose » par certains Winners quadras et barbus ainsi que leurs copines à franges encore très attachées aux standards des deux premières décennies des années 2000.
Écrit par Gérald Cohen | le 16/07/2019
Extrait de mon nouveau livre DIX MILLIARDS – La déferlante durable