Panoply
Loué soit le Luxe

C’est dans l’industrie des Cosmétiques que Ingrid Brochard fera ses premiers pas de femmes d’affaires, en 1995. Elle fabrique sa production en Chine pour la vendre en Europe, c’est ainsi qu’elle découvrira les conditions de travail très difficiles des ouvriers asiatiques. Ingrid proposera à son fournisseur de réinvestir les montants qu’elle lui négocie dans une meilleure qualité de conditions de travail de ses ouvriers. Cet homme avisé lui suggérera de « Changer De Travail ». C’est ce qu’elle fera en 2011 en inventant le « musée itinérant » consacré à l’art contemporain qu’elle installe sur un semi- remorque pour instruire – gratuitement – les régions reculées de France désertées par les services publics.
Mais cette entrepreneuse-responsable n’oublie pas pour autant sa passion pour l’industrie des apparences qui a connu de profonds bouleversements avec l’avènement d’internet, les révolutions multiples des modes de consommation des vêtements et accessoires et les changements radicaux des mentalités.
La Financiarisation de la Mode et sa segmentation en Industrie du Luxe et fast fashion, ainsi que la conscience nouvelle de l’urgence de consommer moins pour vivre mieux, ont changé son appropriation.
Les vêtements de la fast fashion ne se possèdent pas vraiment puisqu’ils se détruisent au bout de 5 à 6 usages. De plus, les consommatrices n’ont pas la même considération pour ces vêtements qui ne durent pas et ne sont pas assez chers, ils ne leur renvoient pas une bonne image d’elles-mêmes. Quant aux Vêtements et Accessoires de l’Industrie du Luxe, ils sont hors de prix ; en particulier pour les plus Jeunes Victimes du Syndrome Outfit Repetition (SOR) qui ne veulent pas être vus deux fois avec le même vêtement sur Instagram comme dans la vraie vie.
Et si auparavant les consommatrices de mode avaient le sentiment de perdre leur statut social en louant des vêtements, les choses ont là aussi changé, parce que les clientes ont appris à acheter des vêtements ponctuellement, et sans gloire, en rendant leurs achats en boutique après les avoir portés pour une soirée privant le commerçant de sa source première de revenu.
Ce nouveau contexte économique a permis le développement du marché du Vêtement d’Occasion via des boutiques de quartier et surtout les sites de dépôt-ventes en ligne comme Vestiaire Collective ou Vide Dressing ; il rejoint les aspirations à une Mode Durable et Recyclée d’un public de plus en plus concerné, et économe.
En partant du constat que grâce au marché de l’occasion, en passe de dépasser en chiffre d’affaire celui de l’industrie du Luxe, les filles ont pris l’habitude de porter des vêtements de seconde main, Ingrid s’associe en 2015 avec Emmanuelle Brizay, sa conseillère et amie de toujours pour fonder Panoply, sur le modèle de la société de location de vêtements américaine Rent the Runway qui loue des vêtements et accessoires des saisons passées et en cours, et qui, pour preuve du considérable « turn over » de ses marchandises, est aussi le propriétaire du plus Grand Pressing des US.
Le service de Panoply repose sur le besoin de consommation répétitif initié par les Millennials. Panoply propose à ses clientes plus de 3.000 pièces à louer avec un service sur abonnement irréprochable qui comprend la livraison et l’enlèvement, pressing inclus. La Start Up Parisienne génère un sentiment de liberté à ses abonnées qui peuvent louer huit vêtements ou accessoires au lieu d’en acheter un seul. Elle leur permet également un Gain De Place dans leurs placards, car 75% des vêtements d’une penderie ne sont jamais portés. De plus Panoply incite ses abonnées à sortir s’amuser, car 1/3 de leurs clientes ne vont pas à une soirée si elles n’ont pas la tenue appropriée. Que du bonheur !
Et tout cela en étant des Consommatrices Responsables Conscientes de l’impact de leur consommation sur la planète.
Louer, c’est s’acheter du bon temps, en bonne conscience.

panoplycity.com

Gérald Cohen | le 07/11/2018